Edito n°2

2 Mars 2008

«Les changements de société se font progressivement, organiquement ; les porteurs de nouvelles valeurs sont temporairement isolés ; puis la masse critique atteinte, une nouvelle population apparaît aux yeux de tous.»

Les Créatifs Culturels de Paul H. Ray et Sherry R. Anderson

   Gratitude

En ce début d’année 1, puisqu’en numérologie (2+8=10=1) 2008 égale UN, nous marchons enfin en conscience vers l’UNité !

 

Raison de plus pour rendre grâce, puisque nos besoins vitaux sont satisfaits dans nos pays riches où l’on ne peut mourir de faim, au point que certains en arrivent à risquer leur vie pour venir chez nous. Même les États-Uniens nous envient notre sécurité sociale, mais le Français est râleur par nature, quitte à se comporter en enfant gâté…

 

Claude Traks, page 52, nous dit que sa prise de conscience remonte à sa traversée de la guerre au Cambodge. L’important aujourd’hui est de rendre grâce de vivre dans un pays en paix. Mais aussi longtemps que nous ne sommes pas en paix avec nous-même nous ne pouvons apprécier pleinement cette paix, extérieure à nous-même. Or nos pensées sont étroitement liées à nos émotions. Voici pourquoi après le plan physique évoqué dans le numéro 1, rouge comme le chakra racine, cette remontée s’arrête sur les 2e et 3e chakra, d’où la couleur jaune de ce numéro 2, qui s’est fait attendre, veuillez nous en excuser car implantation du titre oblige, votre serviteur était au four et au moulin… et à la boulangerie !

Le Guetteur de l’aube remercie les éminents spécialistes qui nous font l’amitié de témoigner sous forme de chroniques, des percées les plus récentes dans ce domaine frontière entre Psy et Spi, qu’est le plan émotionnel. Ainsi, cet édito va vous faire naviguer à travers une mer agitée par diverses émotions, pour mieux apprécier la vague porteuse qui ramène à la plage…

 

Nous rendons grâce également lorsque, par choix, nous arrêtons de nous soumettre aux émotions les plus négatives, et leur cortège de peurs qu’entretiennent les « news » télévisées, surtout lorsque nous les avalons avec le contenu de notre assiette, pour ensuite ruminer ces peurs indigestes. Aussi longtemps que nous nous comportons comme du bétail apeuré nous encourageons ceux qui tirent les ficelles, derrière le rideau de notre ignorance, à nous traiter comme tel. Or vous savez comment on traite le bétail aujourd’hui… la prochaine étape c’est la puce sous-cutanée (technologie RFID) qui comporte un code barre mentionnant le nombre 666 (comme tout code barre). À moins que vous n’ayez peur de savoir, consultez l’Apocalypse de Jean (13, versets 16 à 18). Est-ce cela « Le Meilleur des Mondes » ? À n’en point douter, c’est le titre de l’ouvrage prémonitoire d’Aldous Huxley publié en 1932…

Or la peur, ce manque d’amour, est cette émotion largement stimulée et exploitée par ceux auxquels elle profite, elle est le terreau fertile des dictatures. Derrière le paravent de nos démocraties occidentales, voici là une subtile dictature, qui s’impose dans une société sans courage, ou plutôt qui a oublié ce que ce mot signifiait. L’étymologie du mot courage, vient de cœur. « L’aristocratie du cœur » nous dit Bartabas !

 

Avoir du cœur au ventre, c’est bien cela qui nous sauvera, puisque c’est là que se situe le fameux hara, siège du Ki, ou Chi, désignant l’énergie en Extrême-Orient.

 

Le courage, c’est reconnaître sa peur, refuser de s’y soumettre, et l’affronter.

 

C’est bien ce qui a fait la grandeur de tous les héros depuis l’antiquité et de tous les insoumis, jusqu’aux héros pacifiques des temps modernes que sont les grands navigateurs et alpinistes. Face à la peur nous sommes pour une fois tous égaux, hommes et femmes, toutes classes sociales confondues, car tous nous avons un cœur ! « Que votre force soit dans votre cœur et non pas dans votre tête. » Pir Vilayat Inayat Khan.

 

Vladimir Tcherkov, le réalisateur du documentaire « Le Sacrifice », en hommage aux victimes de Tchernobyl, a fait œuvre de résistant face à la loi du silence. Voici les propos qu’il nous tenait lors du rassemblement commémoratif de Cherbourg en Avril 2006 : « Face aux Panzers Divisions nazies, les Résistants n’avaient aucune chance…et pourtant ils sont entrés en résistance ! ». Sans eux, les alliés ne seraient jamais venus à notre secours.

 

Le dicton « Aide toi et le ciel t’aidera », est plus que jamais d’actualité, car par la mobilisation d’énergie qu’entraîne notre choix, nous attirons à nous par résonance les évènement qui vont dans le même sens. C’est la loi d’attraction, mise en évidence dans le film « Le Secret » (exclusivement diffusé en DVD), enfin sorti en version française le 10 janvier et que nous avons le plaisir de vous proposer dans la Bibliothèque du Guetteur.

 

Il est temps de comprendre que nous ne sommes limités que par nos croyances et ce qu’on nous a longtemps fait croire comme vrai est sur le point de s’effondrer… Ce qui faisait dire à Honoré de Balzac « Il y a deux histoires, l’histoire officielle menteuse, et l’histoire cachée où sont les véritables causes des évènements. » C’est bien évidemment à celle là que s’attache notre chercheur de vérités historiques, Salik de Bonnault, dans sa rétrospective où l’agriculture sert de fil conducteur pour comprendre « comment nous en sommes arrivés là ? »…

 

Quant à notre recherche de vérité dans l’information, la presse alternative dans ce pays, doit beaucoup à deux hommes remarquables qui nous ont quittés en 2007. Il s’agit de Jean-François Bizot, pape de la presse underground française des 70’s, fondateur d’Actuel, puis de Nova Magazine et à l’origine du concept de « Sono Mondiale » avec Radio Nova et de Pierre Dhombre directeur du mensuel Alternative Santé. Grâce à eux nous savons que la liberté d’expression ne s’use que si l’on ne s’en sert pas !

 

 

Nous vivons des temps excitants, c »est ce qu »annonce Véronique Coffignal dans sa chronique « Maya » en nous expliquant cette fabuleuse accélération du temps. Elle est la traductrice de José Argüelles (universitaire américain, chargé par le conseil maya de la divulgation de la date charnière de 2012) ainsi que du best-seller « La loi de l’Attraction » de Michaël J. Losier (en vente dans la Bibliothèque).

 

 

 

Face à la perte de repères, caractéristique de cette période transitoire entre 1987 et 2012, de nouveaux repères émergent. Ils sont issus du respect de la Vie et nous sommes de plus en plus nombreux à en partager les valeurs, comme en témoignait l’étude sociologique « The Cultural Creatives » publiée en 2000 par Paul H. Ray et Sherry R. Anderson : 30 à 35 % de la population états-unienne est acquise aux valeurs du Nouveau Paradigme : « l’écologie, l’alimentation biologique, le développement personnel, les médecines douces, les valeurs féminines et la spiritualité sont aujourd’hui partie intégrante de la vie d’environ un tiers de la population nord-américaine. »

 

 

 

Après l’avoir publié en français sous le titre « L’Emergence des Créatifs Culturels », son éditeur, Yves Michel, réalisa un sondage en 2005 qui confirma que près d’un tiers des Français se reconnaissait dans les valeurs des Créatifs Culturels. Or, la plupart de ces personnes, se sentant isolées, hésitent encore à vivre au grand jour leurs convictions profondes, se privant ainsi d’une grande part de ces valeurs positives qui reposent justement sur leur partage. Cependant, nous observons ce qu’atteste cette étude selon laquelle « Les changements de société se font progressivement, organiquement ; les porteurs de nouvelles valeurs sont temporairement isolés ; puis la masse critique atteinte, une nouvelle population apparaît aux yeux de tous. »

 

 

 

C‘est la théorie du 101e singe, du biologiste Rupert Sheldrake, qui, en découvrant les champs morphogénétiques, démontre que nous sommes tous reliés les uns aux autres. Or, il nous est dit qu’aujourd’hui, sur une population donnée, cette masse critique nécessaire à un changement radical est seulement de 2,5 % de personnes qui incarnent ces valeurs dans leur vie quotidienne… Tous les espoirs sont donc permis, « Si tu veux changer le monde, commence par te changer toi-même », c’est ce que disait Gandhi.

 

 

 

Une fois libérés des tensions internes, ancrées dans le corps émotionnel, nous accédons alors à cette puissante et profonde vibration de paix à laquelle nous aspirons tous.

 

 

 

Notre gratitude se tourne aussi vers vous, Amis lecteurs et abonnés, pour vos témoignages enthousiastes. Un beau mouvement de solidarité se développe autour du Guetteur, soyez-en remerciés !

 

 

 

Cela résonne avec ce message inspirant que nous adresse la tradition Hopi « Les Aînés nous disent : nous devons lâcher la rive et nous pousser vers le milieu de la rivière, garder nos yeux ouverts et nos têtes hors de l’eau. » Et notre messager depuis Sedona, Arizona, d’ajouter : « Regarde qui est là avec toi au milieu de la rivière et réjouis toi ! » C’est exactement notre cas, alors, réjouissons nous !

 

 

 

D’ailleurs voici ce qu’en dit Rhonda Byrne, l’auteur du « Secret » : « L’amour et la gratitude peuvent diviser les eaux, déplacer les montagnes, et faire des miracles. Et l’amour et la gratitude peuvent dissoudre toute négativité. Ressentir la gratitude est pour vous le chemin le plus rapide pour changer chaque chose dans votre vie. »

 

 

 

En attendant le numéro 3 du Guetteur de l’aube, le maître mot en route vers l’UNité de 2008, c »est GRATITUDE… alors nous sommes dans la Joie et les peurs ne nous atteignant plus, nous vivons la Paix Intérieure, ce chemin pavé d’or vers l »Amour !

 

 

 

Dans la joie du service.

 

Erik Lefèvre

 

 

 


 

 

 

Feuilleton historique, deuxième partie
par Salik de Bonnault

 

L’agriculture

 

comme vecteur de civilisation et de santé

 

Dans le 1er épisode nous avons évoqué l’agriculture comme « vecteur de civilisation et de santé » et avons suivi son évolution avec l »introduction des amendements naturels puis chimiques pour en arriver  aux prémices de l »agriculture industrielle.

 

 

La mécanisation

 

La Révolution industrielle, avec la domestication de la vapeur, induit la production industrielle de machines agricoles de plus en plus sophistiquées. Le semoir en lignes pour enfouir la bonne quantité de graines à la profondeur nécessaire apparaît en Angleterre puis en France en cette première moitié du XIXe siècle.

 

La faucheuse américaine de 1830 évolue en moissonneuse-lieuse grâce à Derring en 1875.

 

La machine à battre de l’Écossais Meikle est mue par une locomobile à vapeur et on la voit trôner sur les places de village en période de moisson à partir des années 1860. Durant un siècle, ces machines achetées et gérées par des associations coopératives parcourront les campagnes françaises allant de ferme en ferme.

 

Au tournant du siècle arrivent les moissonneuses-batteuses activées par 3 à 4 hommes et 26 chevaux que l »invention du moteur à explosion remplacera progressivement avec le tracteur à pneus à partir de 1922.

 

La redécouverte des premiers travaux sur l »hybridation du maïs de 1845 par le Français Lecoq a permis à l’Américain Shull en 1908 de décrire le moyen d »obtenir des lignées pures de maïs et de les croiser pour obtenir des hybrides simples. Aux États-Unis, Jones met au point la fabrication de l »hybride de maïs double en 1917, c »est le départ de l »ère des hybrides de maïs qui, à partir de 1933, sont lancés à l »échelon commercial aux Etats-Unis. Ces semences hybrides offrent un fort rendement à l »hectare mais doivent être rachetées chaque année au céréalier (les hybrides dégénérant au fil… des générations !) sonnant ainsi le glas du fondement de l’économie, la pratique millénaire de l »épargne : « du grain à moudre et du grain à semer ».

 

En 1937, la société chimique américaine Dupont de Nemours met au point les premières fibres dérivées du pétrole et invente le nylon. Dupont voit d’un très mauvais œil l’une des premières plantes cultivées par l’homme, le cannabis ou chanvre. Parmi ses multiples usages, ses fibres, fournissent un très bon papier et surtout d’excellentes toiles et tissus comme en produisait la Canebière à Marseille, du nom de cet immense champs de Cannabis permettant depuis l’antiquité la fabrication des voiles et cordages de ce grand port (fondée au VIe av. J.-C. par un peuple marin d’Asie mineure, les Phocéens). Après treize ans de prohibition de l’alcool de 1920 à 1933 aux USA, le Bureau Fédéral des Narcotiques est dorénavant sans utilité et son dirigeant Harry Jacob Anslinger, connu pour ses opinions racistes et puritaines, dorénavant au chômage, est invité par Dupont de Nemours, associé aux puissantes société Hearst Kimberly Clark et St.Regis (géants de la Presse et de l’exploitation des forêts) à enfourcher un nouveau cheval de bataille en mettant le chanvre à l’Index. C’est l’occasion d’éliminer une production de papier concurrente et de meilleure qualité que la cellulose du bois, Anslinger fait voter le Marijuana Tax Act un nouvel impôt pour les producteurs de chanvre qui en diabolisant le chanvre se révèle être la première loi anti-cannabis. Il effraie l’opinion publique crédule en remplaçant le mot chanvre (hemp en anglais) pour le désigner du nom de Marijuana, terme employé par les travailleurs saisonniers mexicains. Ceux-ci fument cette herbe aux propriétés enivrantes pour se consoler de leur triste sort de citoyens de seconde zone au sein de cette société américaine puritaine et pourtant portée sur les boissons alcoolisées qu’ils n’ont pas les moyens de s’offrir… Les musiciens noirs de Jazz et de Blues, victimes du racisme, deviennent consommateurs de cet anti-dépresseur qui rappelle l’alcool tel que décrit par Zola dans « l’Assommoir ». Souvenez-vous, il s’agissait de cet énorme alambic  autour duquel, tel le lampadaire où les insectes nocturnes viennent se griller les ailes, se pressaient les prolétaires parisiens au tournant du XIXe-XXe siècle.

 

Ainsi, pour satisfaire des intérêts commerciaux privés, le monde occidental va se priver de la plus vieille amie de l’homme. Dorénavant, on ne fera plus le rapprochement entre chanvre et Marijuana et cette dernière, sera qualifiée de « drogue » (en référence aux drugs chimiques) pour la première fois de sa longue histoire et bannie… En effet, vénéré dés l’Antiquité en Chine (8 000 av. J.-C.), le chanvre est célébré au XVIe par Rabelais, ce prêtre bénédictin et médecin, pour ses vertus nutritives et médicinales. L’huile de chanvre est parmi les plus riches en Oméga 3 (devant le colza) et la vie paysanne a toujours tourné autour de ses multiples usages puisque toute la plante est utilisable. Sur le plan agricole cette plante améliore le sol, supprime les mauvaises herbes, protège contre les parasites et supprime les nématodes du sol… Une telle panacée est un véritable cauchemar  pour l’industrie agrochimique qui se voit ainsi privée de toute raison d’être ! Si le cannabis n’avait pas été frappé d’illégalité, Dupont de Nemours aurait fait 80% de chiffre d »affaires en moins et la majeure partie de la pollution des rivières n »aurait jamais eu lieu.

 

Massey-Harris en 1937 aux États-Unis teste les premières moissonneuses-batteuses automobiles produites à partir de 1941 et qui offriront à l »Amérique du Nord, en 1942, une récolte record de céréales, celle du blé à lui seul dépassant les 75 millions de tonnes.

 

Naissance de l »agriculture industrielle

En 1944 aux États-Unis, en pleine deuxième guerre mondiale, « la Brigade de la moisson » déploie ses 500 moissonneuses-batteuses à travers les plaines à céréales et remonte du Sud vers le Nord à mesure que le grain mûrit. Parvenues à la frontière du Canada en septembre après avoir couvert 400 000 hectares, les moissonneuses batteuses en plein effort de guerre permirent d »économiser 300 000 heures de travail et 2 500 000 litres d’essence !

 

Après la guerre, l »Europe est conquise par ces moissonneuses-batteuses qui révolutionneront la technique et l »espace agricole en favorisant les grandes exploitations.

 

Les bombes à azote de la IIème Guerre Mondiale sont reconverties en engrais chimique.

 

Les sols, véritables organismes vivants avec leurs caractéristiques et leur métabolisme propre, se déséquilibrent sous l »emploi massif des engrais chimiques et l »abandon progressif de la jachère. Les plantes qu »ils portent se déséquilibrent également, tombent malades et attirent les ravageurs, inaugurant l »avènement des pesticides de synthèse avec l »invention en 1939 du puissant insecticide DDT (dichlorodiphényltrichloréthane) par le chimiste suisse Paul Muller.

 

Pour faire face à la forte croissance démographique qui suit la guerre, l’agriculture érigée en système comme le fût l’industrie crée un modèle mondiale productiviste efficace. Les monocultures créent un vide écologique que les insectes et les maladies exploitent. Ainsi, la culture d’un faible nombre de variétés de pommes de terre frappées par la maladie en Irlande, entraîna une famine causant 1 million de morts. Quand la même maladie a sévit au Pérou les conséquences furent moindres dans ce pays, berceau de la culture des pommes de terre. Cette uniformité va entraîner certaines des plus grandes catastrophes agricoles de l’humanité.

 

Après six siècles d »impopularité, en 1945 l’impôt sur le sel, ou Gabelle,  est abolit en France. Depuis le Moyen-Age à cause de son prix déjà élevé par le coût du transport en l’augmentant artificiellement par la Gabelle (al quabala, « la taxe » en arabe, terme rapporté par les Croisés), l »État privait les paysans de sel, un des rares éléments permettant une augmentation de la production et la conservation de certains aliments.

 

Dès 1947, sept espèces d »insectes sont résistantes au DDT (inventé en 1939) et en 1960 la contamination de la chaîne alimentaire par le DDT est démontrée, ce qui entraînera son interdiction dans les pays industrialisés. Cependant c »est grâce au DDT que l »on a pu exterminer les moustiques responsables des « fièvres des marais » en France et limiter le typhus dans certaines zones endémiques.

 

En France, simultanément à la mise au point du premier hybride de maïs français : l »INRA 20, apparaît en 1957 le désherbant chimique Simazine. Contrairement à l »attitude de « bon père de famille », poussant depuis l »époque romaine à la conservation du patrimoine familial, les économistes de la deuxième moitié du XXe siècle enseignent que l »exploitation agricole est une spéculation commerciale comme les autres, visant à rembourser le capital et à faire du bénéfice.

 

Depuis la seconde guerre mondiale, agriculteurs américains et européens s »y conforment en mécanisant leur exploitation, en consommant de plus en plus de carburant, d »engrais et de pesticides chimiques, battant ainsi des records de productivité. Ceci permet à la Communauté économique européenne d »atteindre le principal objectif de la Politique agricole commune (PAC) : l »autosuffisance alimentaire. En 1960 un agriculteur nourrissait en moyenne sept personnes contre trente personnes en 1990. Après des siècles d »une histoire ponctuée de famines, les pays occidentaux jouissent grâce à l »agriculture moderne d »une alimentation apparemment aussi abondante que variée, de bonne qualité sanitaire et pour un coût moindre. De 1960 à 1990 la part du budget des ménages consacrée à l »alimentation passe de 40 % à 18 %, avec une forte augmentation de la consommation de viande.

 

La Culture de la Drogue alimente les guerres coloniales

 

Un coup d’œil dans le rétroviseur du trafic des drogues et de leurs usages. Dés le XVIIIe siècle la culture du pavot (produisant l’opium) en Orient devient un enjeu de contrôle géopolitique de la part de la couronne britannique par le biais de sa Compagnie des Indes Orientales.

 

Celle-ci cultive de grands champs de pavot en Inde. Transgressant le décret impérial chinois de 1729 interdisant l’usage de l’opium, les Anglais de Chine importent illégalement l’opium via le port de Canton  seul point d’entrée autorisé par l’Empire du Milieu. A partir de 1816 l »Angleterre accentue la forte dépendance des fumeurs d’opium et développe grâce aux voiliers rapides « Clippers » ses exportations d »opium d »Inde vers la Chine qui atteignent leur point culminant vers 1873. La Chine est affaiblie par la consommation quasi généralisée de l »opium, jusqu »ici essentiellement consommée par les classes aisées hors des zones de production, et l’Angleterre, en plus des bénéfices de la Compagnie des Indes Orientales, s’enrichit considérablement par les fortes taxes d’importation qu’elle perçoit à Canton. L’Empereur de Chine et les autorités ne peuvent faire front face à cette pieuvre qui entraîne un grave déficit de la balance commerciale chinoise. En 1842, le traité de Nankin, imposé par les Anglais aux Chinois, consacrera l »ouverture de la Chine au commerce avec l »Occident et la cession de Hong Kong à la Grande-Bretagne.

 

La guerre du Vietnam sera en grande partie financée par les revenus agricoles du pavot  issu du Triangle d’Or (Vietnam, Laos, Birmanie, Thaïlande) où s’est implanté la CIA qui se charge de l’exportation de l’opium. La mafia le transforme en héroïne via la « French Connection », établie sur la Côte d’Azur, avant de réexpédier cette dernière aux US. Les GIs « accrochés » à l’héroïne, de retour du Vietnam, contribuent à la vulgarisation de l’usage de l’héroïne auprès de la jeunesse occidentale. Cette nouvelle Guerre de l’Opium préfigure la guerre du Liban également financée par les champs de pavot de la plaine de la Békaa, tout comme la guerre d’Afghanistan face aux Soviétiques comble la CIA qui trouve alors des marchés pour vendre des armes contre de la drogue. C’était avant que les Talibans ne remplace l’opium par… l’opium du peuple !

 

Flashback : La contre-culture, via les drogues de synthèse occidentales, redécouvre les plantes initiatiques des Shamans.

 

À la suite de l’apparition du LSD (synthétisation de l’ergot de seigle), d’abord utilisé comme un outil ­d’exploration de la conscience par le Dr Timothy Leary, professeur de psychologie à Harvard, les développements de la chimie synthétique conduiront à la vulgarisation de l’emplois de drogues synthétiques ou naturelles, légales ou illégales. L’auteur du « Meilleur des Mondes », le scientifique Aldous Huxley, dans son ouvrage « The Doors of Perception » (à l’origine du groupe de Jim Morrison, The Doors), démontre que ces drogues, en induisant des états modifiés de conscience, conduisent à une meilleure connaissance de soi et du potentiel humain. Toutes choses demeurées inaccessibles par le bannissement dans l’Occident chrétien des drogues naturelles qui de tous temps accompagnèrent l’humanité. La culture de l’alcool étant devenu un outil de conquête coloniale par les dégâts causés sur des populations qui n’étaient pas exposées aux alcool forts, la société judéo-chrétienne a depuis plusieurs siècles écarté les autres sources d’ivresse en les diabolisant, afin d’assurer un monopole aux boissons alcoolisées occidentales.

 

Plus les frustrations augmentent dans une société exclusivement matérialistes plus les souffrances psychiques engendrées par cet emprisonnement des aspirations spirituelles propre au genre humain nécessitent de palliatifs. Le baume adoucissant les souffrances psychiques sur lequel se rue l’humanité est évidemment l’alcool, le plus ancien anti-dépresseur.

 

La redécouverte des drogues naturelles par la génération hippie en apportant des dérivatifs aux insatisfactions engendrées par le matérialisme de la société de consommation ouvrira  surtout les esprits à la contre-culture. Cette dernière, depuis la Californie imprégnée de philosophie orientale, en opposition au modèle matérialiste-productiviste occidental prône une vision spirituelle et naturelle respectant les éco-systèmes. Dans le meilleur des cas la stimulation des secrétions d’endorphines par des drogues naturelles entraîne une prise de conscience qu’il existe d’autres façons d’être au monde. Dans un trop grand nombre de cas ces drogues ne sont qu’un palliatif éphémère à des angoisses existentielles et mènent pour certaines à un usage compulsif mal contrôlé chez une part croissante de la population des pays riches en proie à un terrible mal de vivre.

 

La percée des philosophies orientales, en favorisant des pratiques respiratoires et spirituelles qui stimulent naturellement les secrétions endorphines contribue alors à l’évolution des consciences sans avoir recours à la moindre drogue tout en libérant l’adepte de l’aliénation du modèle social dominant. Celui-ci ayant pour objectif de formater les esprits afin de manipuler le troupeau plus facilement, ce à quoi contribuent l’alcoolisme et la dépendance aux drogues dures ou douces. En effet, certaines variétés de marijuana, aujourd’hui transgéniques (Hollande, Suisse, France…), sont d’une telle puissance de THC (substance enivrante) qu’elles entraînent une dépendance physique jusque là inconnue et dont la jeunesse occidentale fait les frais en enrichissant « le milieu » et ses protecteurs.

 

Tout comme la prohibition de l’alcool est à l’origine de la fortune du bootlegger Joseph Kennedy qui financera la campagne de son fils John F. Kennedy (le plus populaire des présidents américains), l’apparente absence de contrôle du trafic de drogue, à défaut de combler les déficits de l’état par des taxes appropriées (comme sous l’empire romain avec l’opium et le hashish), rapporte beaucoup plus à ceux qui ont tout intérêt à ce que perdure cet état de fait…

 

Où quantité ne rime pas avec qualité

 

Pour satisfaire une demande croissante de viande à bas prix, l »élevage industriel, avec ses dérives dans l »alimentation du bétail, cause l’ESB (maladie de la vache folle) et l »absence de prévention sanitaire quant aux épizooties entraînent les épidémies de fièvres aphteuses. La fièvre aphteuse se détecte et elle se soigne en quinze jours au sulfate de magnésium, mais aujourd’hui une autre logique prévaut, celle qui préfère tuer les bêtes malades ainsi que les bêtes saines, en invoquant, pour une fois, le principe de précaution ! La précaution n’impose-t-elle pas de supprimer la cause, l’empoisonnement de la terre qui manque terriblement de  magnésium, entre autres ?

 

97 % des variétés de légumes cultivées début XXe ont disparues. Quatre variétés de Pommes de Terre seulement sont produites à grande échelle.

 

L’uniformité génétique conduit à une plus grande vulnérabilité aux insectes et aux maladies. Les agriculteurs sont pris dans un cycle infernal, plus ils pulvérisent d’insecticide, plus il faut en utiliser. L’augmentation des engrais et des pesticides a fait croître les coûts, a pollué l’eau, augmentant ainsi les risques pour la santé publique.

 

Avec le génie génétique, les années 1990 voient apparaître un nouveau type de semences dites à organisme génétiquement modifié (OGM) où l »intervention humaine rend possible ce que la nature interdit. Ceci correspond à « un organisme dont le matériel génétique a été modifié autrement que par multiplication ou recombinaison naturelle » (dictionnaire Hachette). Et contrairement à l’évolution qui vise à une élévation de la qualité, il n’est pas question avec les OGM d’obtenir un meilleur pouvoir nutritif, mais un rendement supérieur à l’hectare. Seulement au cours des premières années, comme certains paysans indiens en ont fait l’expérience… en regrettant d’avoir mangé leurs semences traditionnelles !

 

Après de nombreuses années de terrain comme agrobiologiste dans les pays les moins développés, Louise Fresco, sous-directrice générale du Département de l »agriculture à la FAO (Food and Agriculture Organization) tenait à souligner l’aspect positif de certains OGM lors du Salon de l »agriculture de Paris en février 2000. En effet, Madame Fresco se plaisait à signaler les recherches actuellement menées sur le palétuvier, cet arbre de la mangrove poussant le long de certaines côtes tropicales, dont un gène ajouté à ceux d »une céréale permettrait à cette dernière d »être cultivée avec de l »eau de mer… Voici qui apparaîtrait comme une bonne nouvelle pour les pays côtiers tropicaux… Si ce n’était la transgression de la barrière des espèces entre deux végétaux. Imaginez un croisement entre un primate et un ruminant, tous deux sont pourtant des mammifères !…

 

Si le prix des aliments a baissé avec l »agriculture intensive, les acteurs de l »agriculture que sont la terre, l »eau et l »homme en font les frais. La terre, en plus de la pollution dont elle est l »objet, souffre de la mécanisation responsable de la suppression des haies et fossés. Ces derniers évitaient le ruissellement des eaux de pluie qui « lessivent » aujourd »hui la terre de ses éléments nutritifs (humus, sels minéraux, oligo-éléments). Conséquences : des crues sur la moindre rivière et surtout un manque d »approvisionnement des nappes phréatiques, ce qui compromet gravement l »agriculture qui absorbe 73 % de la consommation mondiale d »eau douce. Ce qui faisait dire à Louise Fresco de la FAO en 2000 : « Sous peu l »hectare ne sera plus l »étalon de la production agricole, on parlera bientôt de rendement au litre d »eau ! »

 

Or l’appropriation des ressources en eau par les multinationales de « l’Or Bleu » a entraîné à l’automne 2003 de violentes manifestations anti-gouvernementales en Bolivie.

 

Terriblement dangereux pour la faune et la flore aquatiques, les herbicides sont souvent responsables de la stérilisation des cours d »eau. C »est ainsi que le Dinoterbe, un puissant herbicide fabriqué par Rhône-Poulenc, est la cause en Bretagne de la stérilisation de 100 km de cours d »eau et de la destruction de 3 tonnes de truites fario. Bien qu »interdit par le ministère de l »Agriculture fin 1996 ce désherbant toxique continue ses ravages…

 

« Nos vies commencent à se terminer le jour où nous gardons le silence à propos des sujets d’importance. » Dr Martin-Luther King junior

 

Le prix à payer…ou qui paye les pots cassés ?

 

Quant à l »agriculteur, troisième acteur de l »équation alimentaire, il figure au premier rang des victimes de l »emploi de pesticides.

 

D’après l »OMS (Organisation mondiale de la santé) le nombre des victimes d »intoxication par les pesticides est d »environ 5 millions, dont 400 000 morts liés à l »accroissement de la production de ces produits chimiques passés de 65 millions de tonnes en 1970 à près de 500 millions aujourd »hui. Soit environ 100 000 produits pesticides ­différents dont la vente dans le monde représentait en 2001 plus de 140 milliards de francs. La France est après les USA le plus gros consommateur de fongicides, herbicides et insecticides.

 

« Les deux tiers des eaux françaises sont contaminées par des pesticides, selon les contrôles effectués en 2002 et publiés lundi 12 juillet 2004 par l »Institut français de l »environnement, trois jours après l »abandon par le gouvernement du projet de taxe sur les pollutions d »origine agricole. En 2002, 75 % des points contrôlés en rivière et 57 % des analyses des nappes souterraines présentaient au moins un pesticide, indique le 6e rapport de l’Institut Français de l’Environnement (IFEN). Or, les agriculteurs, responsables d »une grande partie de la pollution des eaux, acquittent 1 % des redevances versées aux agences de l »eau. Ils perçoivent neuf fois plus d »aides qu »ils ne versent de taxes. » Source : MDRGF (Mouvement pour les Droits et le Respect des Géné­rations Futures).

 

Sachant qu’aujourd »hui 600 espèces d’insectes sont résistantes alors que le nombre de variétés d »insecticides s »est multiplié, il est bon de s’interroger ?

 

François Veillerette et Fabrice Nicolino dans leur ouvrage « Pesticides, révélations sur un scandale français » (Ed.Fayard) évoquent l’ampleur du drame national à cet égard.

 

Les agriculteurs furent pendant 10 000 ans les producteurs d »énergie, qu »elle soit combustible (bois), animale (attelage, labours, batellerie), ou alimentaire nourrissant le bétail, les bêtes de somme, les travailleurs de force et la population en général. Or aujourd »hui les sources d »énergies fossiles (charbon, pétrole, uranium) ont pris le relais à maints égards et les agriculteurs, devenus consommateurs, ont perdu leur statut dans la société française où ils ne représentent plus que 5 % de la population. Une minorité très particulière et hétérogène avec des écarts de revenus allant de 1 à 20 et dont la moitié des revenus disponibles est allouée sous forme de subventions ou d »aides, signalait Bernard Hervieu, président de l »INRA dès 2001. Et il enfonçait le clou en précisant : « la profession détient d »autres tristes records avec le plus fort taux de célibat et le plus fort taux de suicides d »adultes ». Ce ne sont pas les primes au « non-travail » (une trop forte production faisant chuter les cours) ou bien l »holocauste des bêtes saines qui va remonter le moral des agriculteurs et éleveurs, ne peut-on s »empêcher de penser…

 

Bêtise ou Crime prémédité ?

 

Certains ne s’interrogent même plus quant aux raisons d’être des pratiques polluantes, ainsi le Dr.Jaqueline Bousquet sur le site internet arsitra.org : « Les plantes cultivées avec la panoplie de chimie recommandée par le Ministère de l »Agriculture, (engrais, pesticides, insecticides, etc.), sont malades et incapables de se défendre contre les « prédateurs » qui ne sont là que pour détruire ce qui n »est pas compatible avec la vie. Ils font un acte de salut public !

 

Les plantes issues de l »agriculture intensive sont toxiques pour le vivant et incapables de se défendre. Elles sont de plus en plus agressées par tous les traitements toujours plus « performants » (toxiques et violents) qui leur sont administrés. De plus, leur culture nécessite une énorme consommation d »eau, la plante essayant (de même que tout organisme vivant) de se débarrasser de ses poisons en diluant ses toxines, tout comme les animaux élevés en batterie dont la chair gorgée d »eau diminue dans la poêle comme neige au soleil. »

 

Rien de surprenant lorsqu’on connaît les méthodes de production industrielle des poulets standard qui représentent en tonnage 68 % des 789,3 millions de poulets produits en France. Des bêtes entassées, gavées d’antibiotiques et connaissant un stress maximum au point qu’il faille leur arracher le bec pour ne pas qu’elles s’agressent mutuellement. Ainsi la durée d’élevage pour qu’un poulet atteigne 1,5 kg est passée entre 1925 et 1998 de 120 à 33 jours et il pèserait 7 à 8 kg si on les laissait atteindre l’âge adulte, ce qui correspond au poids d’un dindon !

 

Il est alors permis de se demander dans quel état ils atteindraient l’âge adulte étant donné leurs handicaps multiples et croissants : boiterie, anomalie de développement des cartilages de croissance, luxation des articulations des pattes, défauts d’aplomb, dermatites provoquées par une station couchée prolongée. À ces pathologies il convient d’ajouter des problèmes cardio-vasculaires dont les défaillances cardiaques sont justement liées à la rétention d’eau dans la cavité abdominale.

 

Quant à l’état émotionnel des herbivores et porcins, autrefois conduits en carrioles à cheval, ou bien à pied, il va monter en stress, au cours du transport en camion vers l’abattoir, entassés et secoués à grande vitesse. Le traumatisme va en s’aggravant avec la vibration morbide qu’ils captent en débarquant à l’abattoir avant de culminer dans le couloir de la mort où sachant ce qui les attends, leur système endocrinien, tournant à plein, sature d’adrénaline et autres hormones du stress leur sang et leur viande. Celle-ci aura beau être lavée pour répondre aux exigences sanitaires elle présentera désormais un concentré de stress fixé dans les chairs qui vient s’ajouter aux produits chimiques ingérés de force dans l’élevage en batterie.

 

Que dire alors de la nourriture émotionnelle dont héritent les humains qui s’en nourrissent ?!…

 

Et certains de se demander pourquoi le nombre de végétariens est en hausse ?…

 

Par Salik de Bonnault

 

Suite dans Guetteur de l’aube n°3

 

Les commentaires sont fermés.